Le financement des organismes communautaires : une gymnastique de tous les jours

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17,5M$ : c’est l’écart qui existe entre les besoins des organismes des Laurentides et ce qu’ils reçoivent pour leur fonctionnement de base. «C’est ce que ça coûte pour ramasser une seule tempête de neige à Montréal!» lance Linda Déry, coordonnatrice du Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL).

Il faut mettre fin au #grandécart

Environ 120 personnes issues d’organismes communautaires réunies à Saint-Thérèse, Piedmont et Mont-Laurier ont illustré leurs réalités et objectifs à l’aide de l’image d’un thermomètre, si souvent utilisé lors des campagnes de levées de fonds. Chacun des organismes présents a fait l’exercice d’inscrire sur une affiche l’écart entre ses besoins et leur montant reçu en subvention. La plupart ne sont que partiellement financés. Certains ne reçoivent rien, bien que leur existence soient officiellement reconnus depuis plusieurs années. « Les groupes doivent souvent faire le grand écart afin de joindre les deux bouts. Certains se résignent à faire des mises à pied économiques, alors que d’autres doivent réduire leurs activités. Avec cette constante et intenable gymnastique entre les besoins de plus en plus nombreux de la population et le test de la réalité budgétaire, c’est toute la santé organisationnelle des organismes qui est menacée et au final c’est la population qui en souffre» d’ajouter madame Déry.

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Passer de la parole aux actes

À deux reprises, l’ensemble de la députation québécoise a adopté une motion unanime visant à rehausser le financement à la mission des organismes communautaires. «Tous les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale se sont entendus là-dessus. Une première fois en 2013 et une deuxième fois cet automne. C’est un pas dans la bonne direction » expose la porte parole du ROCL avant de rappeler qu’au moins 35 organismes admis au programme de soutien des organismes communautaires n’ont pas encore atteint 50 % de leur budget de base requis et que 5 d’entre eux ne reçoivent rien. Certains attendent depuis plus de 10 ans. « C’est inimaginable ce que les organismes communautaires des Laurentides pourraient faire de mieux et de plus avec 17,5M$. Au moment de prendre des décisions pour le prochain budget, nous voulons maintenant que le gouvernement passe de la parole aux actes et demandons aux députés de la région d’en faire un suivi » conclut madame Déry.

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Les organismes communautaires n’en peuvent plus de faire le grand écart!

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Saint-Jérôme, le 28 novembre 2016. Les organismes communautaires du domaine de la santé et des services sociaux (OCASSS) des Laurentides se joignent à la campagne Il faut mettre fin au grand écart laquelle se déploiera à travers tout le Québec au cours des prochains mois. Cette campagne qui s’adresse à la Ministre Lucie Charlebois a pour but de rendre visible l’écart entre les besoins financiers exprimés par les organismes communautaires et les montants de leur subvention.

«  Comme la ministre Charlebois mentionne souvent qu’elle est à notre écoute, nous avons décidé de la prendre au mot et de lui faire voir directement la réalité des organismes communautaires.  Le gouvernement a engrangé des surplus de 2,2 milliards et pendant ce temps des organismes, par manque de fonds, doivent fermer leurs portes à certaines périodes, ou réduire de façon significative leurs activités ou mettre à pied du personnel. Pour la seule région des Laurentides, la différence entre les besoins des organismes communautaires du secteur de la santé et des services sociaux et ce qu’ils reçoivent s’élève à plus de 17 millions, sans compter les organismes en attente de financement », déplore Linda Déry, coordonnatrice du regroupement des organismes communautaires des Laurentides, le ROCL.

Deux actions sont présentement lancées : d’une part chaque organisme sera invité à rendre visible sur un thermomètre l’écart entre le montant de sa demande au Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) et le montant qu’il reçoit. D’autre part, des organismes vont présenter, à l’aide de divers moyens, des histoires qui parlent de leur quotidien et des impacts du sous-financement dans un contexte de compressions et de ruptures de services dans le réseau public. Ces témoignages seront visibles sur les réseaux sociaux et transmis à la Ministre pendant toute l’année.

« Des histoires d’OCASSS, il y en a à raconter, tous les jours nous sommes témoins des effets de l’effritement des services publics et des programmes sociaux sur les vies des personnes qui fréquentent nos organismes. C’est d’ailleurs avec stupéfaction que nous avons assisté à l’adoption du projet de Loi 70 qui appauvrira de façon alarmante des personnes bénéficiant de l’aide de dernier recours, des personnes déjà en situation de pauvreté extrême. Nous sommes également très inquiets d’apprendre que, dans les Laurentides, il n’y a plus d’accueil psychosocial, les gens doivent maintenant téléphoner à la ligne info-social 811. Les personnes sont alors fréquemment orientées vers des organismes communautaires sous-financés et déjà débordés » s’indigne Stéphanie Gaussirand, présidente du ROCL.

Rappelons que le manque à gagner annuel des 2911 organismes communautaires autonomes oeuvrant en santé et services sociaux au Québec est de 355M$, ce qui représente 1% du budget du ministère. Selon une enquête du Ministère de l’emploi et de la solidarité sociale, la région des Laurentides se situe au dernier rang parmi les 4 régions où le montant de la subvention par habitant est le plus faible.

Le ROCL envoie une mise en demeure à Philippe Couillard

hammer-802300_1280Saint-Jérôme, le 26 janvier 2016

SOUS TOUTES RÉSERVES

Monsieur Philippe Couillard
Premier ministre du Québec
Édifice Honoré-Mercier, 3e étage
835, boul. René-Lévesque Est
Québec (Québec) G1A 1B4

Objet : Mise en demeure

Monsieur Couillard,

Depuis le 4 avril 2014, le gouvernement a pris des décisions qui ne respectent pas les valeurs de notre société, notamment, la démocratie, la solidarité et le partage de la richesse. Les orientations concernant le repositionnement de l’État et la course au déficit zéro par l’instauration de mesures d’austérité n’ont jamais fait l’objet de réels débats publics et pourtant, ces mesures affectent le bien commun, détournent les fonds publics et appauvrissent les personnes. En effet, vos choix politiques détériorent les de conditions de vie des populations déjà vulnérables et exclues, dont un grand nombre de femmes et d’enfants par :

  •  Des compressions en santé et services sociaux qui se traduisent par des ruptures de services,
  •  Des coupes à l’aide sociale,
  •  Des coupes à l’éducation et dans les Centres de la petite enfance,
  •  Des coupes au transport adapté et autres mesures de soutien aux personnes handicapées,
  •  Des coupes de 30 % en santé publique,
  •  Le recul ou la stagnation des conditions de travail du milieu communautaire et des employéEs de la fonction
    publique, dont 75 à 90 % sont des femmes,
  •  La stagnation du financement à la mission des organismes communautaires.

Au même moment, des sommes considérables appartenant au trésor public ont été versées à des entreprises et à des entrepreneurs privés :

  • 1,3 milliard à Bombardier pour le CSeries,
  • 400 millions en trop-perçu par les médecins,
  • 800 millions pour restaurer des sites miniers pollués et abandonnés par l’industrie.

Nous vous mettons donc en demeure de ramener dans la sphère publique ces sommes détournées de 2,5 milliards de dollars et de respecter vos engagements inscrits dans la loi 112 et dans la Charte des droits et libertés de la personne afin d’éviter la faillite sociale.

Veuillez agir dans un délai raisonnable, soit d’ici votre prochain budget prévu pour le printemps 2016.

 

Stéphanie Gaussirand, présidente
Regroupement des organismes communautaires des Laurentides
342, rue Parent
Saint-Jérôme (Québec) J7Z 2A2
Téléphone : (450) 438-8005

Les organismes communautaires sonnent l’alarme : Le tissu social sous la pression des compressions

«À toutes les fois où l’on applique des compressions que ce soit dans nos services de santé ou d’éducation, ou alors lorsqu’on ajoute des tarifications, ce sont des personnes qui n’ont déjà pas les moyens qui écopenSonnerAlarmet et qui s’appauvrissent davantage. Le dernier rapport de la protectrice du citoyen en témoigne de manière éloquente. À Saint-Jérôme, une femme est morte de faim parce que sa situation ne cadrait pas dans des critères très précis pour recevoir de l’aide des services sociaux publics. C’est infiniment triste et franchement inquiétant.» poursuit-elle.

Actuellement, les organismes communautaires en voient de toutes les couleurs ; des enfants en difficultés qui n’ont plus de soutien dans les écoles, des parents désespérés et pénalisés parce qu’ils n’ont pas d’assurance privée, des personnes handicapées qui n’ont plus de transport adapté leur permettant de s’intégrer à la communauté, etc. Les exemples abondent !

«En coupant dans les programmes sociaux ce sont les conditions de vie des personnes vulnérables qui se détériorent, c’est notre tissu social qui s’effrite et cela a un prix!» s’exclame pour sa part Stéphanie Gaussirand, présidente du ROCL. Selon le ROCL, il faudrait investir dans les infrastructures sociales et communautaires pour maintenir une société solidaire. «Plus les services diminuent, plus les organismes sont sollicités par des demandes urgentes. Nous existons pour défendre les droits et intérêts de la population, pas pour remplacer le système public. Il est temps de hausser le ton ! » affirme madame Gaussirand.

Les 300 personnes qui ont participé aux actions du 3 novembre se sont rassemblées pour réclamer :

  • Du financement à la mission pour tous les organismes communautaires.
  • L’indexation du financement de tous les organismes communautaires de tous les ministères.
  • La sauvegarde des services publics et que cesse les mesures d’austérité.

«Face au discours sur l’équilibre budgétaire qui sert de prétexte pour concentrer la richesse au lieu de la partager, nous ne pouvons que nous indigner. Les organismes communautaires n’en peuvent plus, ils sont l’un des derniers filets social. Si nous voulons préserver le bien commun pour les générations futures, c’est aujourd’hui qu’il faut agir!» conclut Linda Déry.