Les compressions en santé font mal aux organismes communautaires
Saint-Jérôme, 25 septembre 2014. Afin de mettre en lumière les impacts très concrets des compressions budgétaires pour les organismes communautaires, le Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) a interpellé le conseil d’administration de l’Agence de santé et de services sociaux. Malgré l’éventualité d’une abolition des agences, le ROCL a décidé de s’adresser au C. A. pour lui faire part de ses préoccupations. En effet, les mesures d’austérité font craindre le pire. « Nous sommes très inquiets d’entendre de nouvelles annonces de coupes généralisées. Ce que nous observons déjà, c’est une détérioration des conditions de vie et des services à la population. » explique Sophie Gilbert, porte-parole du ROCL.
Des situations dramatiques
Dans les Laurentides, le manque de ressources en services sociaux et de santé est bien connu et perdure depuis des années. Les organismes communautaires en vivent les conséquences quotidiennement. Ces derniers, sous-financés, peinent à boucler leurs budgets et voient arriver chez eux des personnes en crise ou en situation de grande détresse. Et leur nombre s’accroit de jour en jour. Plusieurs d’entre elles n’ont trouvé aucun recours ailleurs. Le témoignage troublant de Nathalie Demers, intervenante à l’Ami-E du quartier à Saint-Jérôme, illustre bien les multiples visages des laissés pour compte, ceux et celles qui ne cadrent pas dans les priorités de plus en plus pointues du réseau de la santé. «Une dame gravement malade qui fréquentait l’organisme a demandé de l’aide du CSSS. Elle avait de nombreux besoins, avait de la difficulté à s’alimenter. Au CSSS, on lui a dit qu’elle ne pouvait recevoir d’aide à domicile puisqu’elle marchait encore. Sa situation ne cadrait pas dans les critères. Et bien, on l’a retrouvé morte dans son appartement. » « Un homme est arrivé tôt un matin à l’Ami-E du quartier avec des idées suicidaires. Il venait de contacter le CSSS. On lui a demandé de se présenter à 13h30. Il était en panique. Ce monsieur ne pouvait pas être laissé à lui-même pendant toutes ces heures, il aurait pu se tuer. Nous nous sommes donc occupé de lui en attendant que le service d’urgence sociale prenne le relais l’après-midi. Le problème, c’est que nous ne sommes qu’une petite équipe. Ces situations sont trop grosses pour nous. Ça ne peut pas continuer comme ça, on s’épuise.» Et des exemples similaires, il y en a des dizaines. « Ce que nous voulons, au ROCL, c’est un système de santé et de services sociaux financé adéquatement, accessible et gratuit. Ainsi que du financement pour les organismes communautaires qui ont leur mission à accomplir mais qui ne peuvent se substituer au gouvernement. Nous vous demandons de porter ce message au ministre de la santé M. Gaétan Barrette » ajoute Sophie Gilbert.
Les dossiers critiques identifiés par l’Agence des Laurentides
Pour terminer, l’Agence a été questionnée au sujet de priorités qui seront transmises au ministre de la Santé. À l’instar des autres régions du Québec, l’Agence a reçu pour mandat du MSSS d’identifier trois dossiers dits « critiques ». En Gaspésie, à titre d’exemple, ces priorités sont le financement des établissements publics et des organismes communautaires. Le ROCL souhaite connaître les dossiers incontournables qui seront mis de l’avant par l’Agence pour les Laurentides. « Nous sommes perplexes devant les changements annoncés, dans ce contexte de compressions nous nous demandons vraiment comment les services à la population seront préservés » s’inquiète Sophie Gilbert.