Les organismes communautaires n’en peuvent plus de faire le grand écart!

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Saint-Jérôme, le 28 novembre 2016. Les organismes communautaires du domaine de la santé et des services sociaux (OCASSS) des Laurentides se joignent à la campagne Il faut mettre fin au grand écart laquelle se déploiera à travers tout le Québec au cours des prochains mois. Cette campagne qui s’adresse à la Ministre Lucie Charlebois a pour but de rendre visible l’écart entre les besoins financiers exprimés par les organismes communautaires et les montants de leur subvention.

«  Comme la ministre Charlebois mentionne souvent qu’elle est à notre écoute, nous avons décidé de la prendre au mot et de lui faire voir directement la réalité des organismes communautaires.  Le gouvernement a engrangé des surplus de 2,2 milliards et pendant ce temps des organismes, par manque de fonds, doivent fermer leurs portes à certaines périodes, ou réduire de façon significative leurs activités ou mettre à pied du personnel. Pour la seule région des Laurentides, la différence entre les besoins des organismes communautaires du secteur de la santé et des services sociaux et ce qu’ils reçoivent s’élève à plus de 17 millions, sans compter les organismes en attente de financement », déplore Linda Déry, coordonnatrice du regroupement des organismes communautaires des Laurentides, le ROCL.

Deux actions sont présentement lancées : d’une part chaque organisme sera invité à rendre visible sur un thermomètre l’écart entre le montant de sa demande au Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) et le montant qu’il reçoit. D’autre part, des organismes vont présenter, à l’aide de divers moyens, des histoires qui parlent de leur quotidien et des impacts du sous-financement dans un contexte de compressions et de ruptures de services dans le réseau public. Ces témoignages seront visibles sur les réseaux sociaux et transmis à la Ministre pendant toute l’année.

« Des histoires d’OCASSS, il y en a à raconter, tous les jours nous sommes témoins des effets de l’effritement des services publics et des programmes sociaux sur les vies des personnes qui fréquentent nos organismes. C’est d’ailleurs avec stupéfaction que nous avons assisté à l’adoption du projet de Loi 70 qui appauvrira de façon alarmante des personnes bénéficiant de l’aide de dernier recours, des personnes déjà en situation de pauvreté extrême. Nous sommes également très inquiets d’apprendre que, dans les Laurentides, il n’y a plus d’accueil psychosocial, les gens doivent maintenant téléphoner à la ligne info-social 811. Les personnes sont alors fréquemment orientées vers des organismes communautaires sous-financés et déjà débordés » s’indigne Stéphanie Gaussirand, présidente du ROCL.

Rappelons que le manque à gagner annuel des 2911 organismes communautaires autonomes oeuvrant en santé et services sociaux au Québec est de 355M$, ce qui représente 1% du budget du ministère. Selon une enquête du Ministère de l’emploi et de la solidarité sociale, la région des Laurentides se situe au dernier rang parmi les 4 régions où le montant de la subvention par habitant est le plus faible.

Le ROCL mobilisé en sons et images!

Voyez les diverses prises de parole lors du rassemblement régional de la campagne Engagez-vous pour le communautaire le 9 novembre dernier.

 

 

Le communautaire ferme la porte à la pression des compressions!

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Sainte-Adèle, 9 novembre 2016. Trois cent personnes des organismes communautaires des Laurentides ont convergé vers Sainte-Adèle, le 9 novembre, dans le cadre de la vaste campagne nationale Engagez-vous pour le communautaire, mobilisant quelque 4000 groupes dans toutes les régions du Québec. « Hier et aujourd’hui, les organismes de la région ont décidé de fermer leurs portes pour dire non à la pression des compressions. Parce que toutes les fois où il y a des compressions dans le réseau public, il y a une pression supplémentaire sur les organismes. Et cette pression est de plus en plus intenable! » a lancé d’entrée de jeu Linda Déry, coordonnatrice du Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL), à la foule massée sur l’esplanade de la Place des Citoyens à Sainte-Adèle. « C’est pourquoi des milliers d’organismes communautaires de tous les horizons se mobilisent aujourd’hui au Québec pour demander le rehaussement et l’indexation annuelle de leur financement de base, l’application de la politique de reconnaissance de l’action communautaire dans tous les ministères et un réinvestissement massif dans les services publics et les programmes sociaux » a expliqué madame Déry à son auditoire. « Pendant que nous nous alarmons de l’effritement des services, le gouvernement s’évertue à répéter qu’il se soucie des personnes vulnérables. Or, si l’on regarde les actions qu’il pose, on doit conclure que ce souci ne dépasse pas la pitié de convenance et la bienveillance condescendante » a-t-elle aussi déclaré, affirmative, avant de passer le flambeau aux porte-paroles des différents territoires de la région.

Quelques impacts concrets du sous-financement

Flanquée d’une porte illustrant les fermetures d’organismes de leur MRC, chacune des porte-paroles a exposé les impacts du sous-financement et enjeux propres à leur territoire.
Par exemple, de 2010 à 2016, un organisme en sécurité alimentaire oeuvrant à Saint-Sauveur, Piedmont et Sainte-Anne-des-Lacs, un territoire où la population est pourtant perçue comme financièrement à l’aise, a vu son achalandage passer du simple au double, sans augmentation de son financement de base. Un autre organisme, pourtant jugé admissible au financement à la mission par le CISSS des Laurentides depuis 2010, ne reçoit que 6 % de son budget de base reconnu. « Plusieurs organismes communautaires doivent ou ont dû cesser leurs activités pendant des mois, conséquence du problème récurrent du manque de financement » a affirmé Sophie Larose, porte-parole des organismes de la MRC Pays-d’en-Haut.

Manon Pérusse prenait pour sa part parole au nom des organismes communautaires financés par le ministère de la Famille. « Nous vivons avec le même budget depuis plus de 13 ans. Quand on sait que tous les coûts afférents au bon roulement d’un organisme augmentent sans cesse comme l’électricité, le loyer ou la nourriture. La moindre des choses serait d’être annuellement indexés, au même titre que les organismes rattachés au ministère de la Santé et des Services sociaux» a-t-elle relaté.
Des difficultés en matière de transport adapté ont aussi été évoquées. « Alors que les services diminuent, les tarifs augmentent. Ces conditions ont pour effet de marginaliser encore plus les personnes handicapées » a pour sa part dénoncé Sophie Dion, porte-parole des organismes de la région de Sainte-Agathe et Mont-Tremblant et aussi coordonnatrice d’un organisme qui accueille des personnes handicapées intellectuelles.
Ces quelques exemples constituent un tout petit échantillon des impacts du sous-financement vécus par les organismes présents et leurs membres.

Surplus de 2,2 milliards: le ROCL interpelle le gouvernement

«Au moment où le gouvernement annonce des surplus budgétaires de 2,2 milliards, nous l’enjoignons de faire un investissement qui profitera à tout le monde, de négocier avec le milieu communautaire un rattrapage du financement de base, à la hauteur de 475M$ pour les 4000 organismes du Québec. Dans les Laurentides, c’est de 20M$ dont nous avons besoin. Nous lui demandons aussi d’appliquer la politique de reconnaissance adoptée en 2001 et de réinvestir dans les services publics. Nous ne sommes pas seuls à nous inquiéter de l’état de santé des services publics et de l’impact des compressions sur la population du Québec : la protectrice du citoyen; le commissaire à la santé et au bien-être; Jean-Pierre Ménard, l’avocat spécialisé dans les causes qui touchent le système de santé ainsi qu’environ 150 gestionnaires du réseau qui ont claqué la porte s’en préoccupent aussi grandement. C’est rendu une question de santé publique, le gouvernement de monsieur Couillard a le devoir moral de s’ouvrir les yeux sur les impacts de ses décisions » a conclu Stéphanie Gaussirand, présidente du ROCL, avant d’inviter les personnes présentes à partager une soupe populaire cuisinée pour l’occasion par un organisme du coin.

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