Compressions en santé, le ministre ajoute de la pression à la région

Saint-Jérôme, le 20 juin 2016. C’est avec indignation que le Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) a appris l’instauration de nouvelles compressions budgétaires par le ministre Barrette au sein des instances du réseau de la santé. Sur 242 M$ pour la province, 6,4 M$ devront être retranchés du financement pour le CISSS des Laurentides. Le système de santé a subit des coupes de près d’un milliard de dollars depuis 2014. « C’est irresponsable » s’insurge Linda Déry, coordonnatrice du ROCL. « On fait croire au gens qu’avec de telles coupes, il n’y a pas d’impact sur les soins et les services sociaux, c’est un mensonge tellement énorme! Le ministre prétend qu’il n’y aura pas de conséquence pour les gens. Comment croire à un tel énoncé alors que le manque de ressource est tangible dans les Laurentides? »

Faut-il le rappeler, la région des Laurentides subit une pression particulière due à l’augmentation de sa démographie de 16 % dans les 15 dernières années. Sur les 592 000 personnes qui peuplent les Laurentides, environ 45 000 attendent pour un médecin de famille. Par ailleurs, la région enregistre le plus bas taux d’investissement par habitant au niveau des organismes communautaires. Quels sont les coûts pour l’absence de services lorsque les gens en ont besoin? Quelles conséquences réelles peut-on entrevoir si on retarde une consultation faute de médecin ou quand on doit attendre 24 heures à l’urgence? En quoi ces nouvelles compressions vont alléger le fardeau financier gouvernemental si les personnes ne sont pas soignées ou soutenues par les services psycho-sociaux? Selon Linda Déry, « Il s’agit ici d’une mauvaise gestion des fonds publics. Comme par hasard, le ministre Barrette annonce qu’il ne fera pas d’autre coupe l’an prochain, l’année précédent les élections provinciales! Comment ne pas être cynique devant un tel mépris et une manipulation de nos ressources collectives. »

Pour les organismes communautaires, l’inquiétude et la pression au quotidien s’accentuent. À titre d’exemple, sur 133 organismes subventionnés par le programme de soutien aux organismes communautaires, 34 organismes ont moins de 50% de leur financement reconnu dont 11 organismes ont moins de 25%. Stéphanie Gaussirand, présidente du ROCL explique « En fait, pour les organismes communautaires qui représentent souvent le dernier recours, on observe une augmentation des problématiques et de la pauvreté, sans apport de ressources. Comme organisations, nous touchons à un point de rupture, nous constatons qu’il en est de même pour le réseau de la santé qui restreint l’accès et réfère en désespoir de cause. Nous sommes conscientes que les travailleurs et travailleuses au sein du CISSS des Laurentides sont victimes aussi de ces compressions. On réduit au minimum les services et on renvoie la balle en espérant que quelqu’unE d’autre prendra la relève. Le quelqu’un d’autre, c’est nous, les organismes communautaires et nous n’en pouvons plus. La vérité c’est que depuis 2008 le financement des organismes stagne. C’est devenu un enjeu de survie, nous approchons de la limite du possible. » En ce début d’été 2016, dans une société dite riche, le ROCL interpelle le gouvernement libéral afin de réviser cette décision et d’investir pour le mieux-être de l’ensemble de la population, à la fois dans le réseau de la santé et pour le bon fonctionnement des organismes communautaires autonomes, des fleurons d’innovations et de réussite sociale.

 

Les organismes communautaires sonnent l’alarme : Le tissu social sous la pression des compressions

«À toutes les fois où l’on applique des compressions que ce soit dans nos services de santé ou d’éducation, ou alors lorsqu’on ajoute des tarifications, ce sont des personnes qui n’ont déjà pas les moyens qui écopenSonnerAlarmet et qui s’appauvrissent davantage. Le dernier rapport de la protectrice du citoyen en témoigne de manière éloquente. À Saint-Jérôme, une femme est morte de faim parce que sa situation ne cadrait pas dans des critères très précis pour recevoir de l’aide des services sociaux publics. C’est infiniment triste et franchement inquiétant.» poursuit-elle.

Actuellement, les organismes communautaires en voient de toutes les couleurs ; des enfants en difficultés qui n’ont plus de soutien dans les écoles, des parents désespérés et pénalisés parce qu’ils n’ont pas d’assurance privée, des personnes handicapées qui n’ont plus de transport adapté leur permettant de s’intégrer à la communauté, etc. Les exemples abondent !

«En coupant dans les programmes sociaux ce sont les conditions de vie des personnes vulnérables qui se détériorent, c’est notre tissu social qui s’effrite et cela a un prix!» s’exclame pour sa part Stéphanie Gaussirand, présidente du ROCL. Selon le ROCL, il faudrait investir dans les infrastructures sociales et communautaires pour maintenir une société solidaire. «Plus les services diminuent, plus les organismes sont sollicités par des demandes urgentes. Nous existons pour défendre les droits et intérêts de la population, pas pour remplacer le système public. Il est temps de hausser le ton ! » affirme madame Gaussirand.

Les 300 personnes qui ont participé aux actions du 3 novembre se sont rassemblées pour réclamer :

  • Du financement à la mission pour tous les organismes communautaires.
  • L’indexation du financement de tous les organismes communautaires de tous les ministères.
  • La sauvegarde des services publics et que cesse les mesures d’austérité.

«Face au discours sur l’équilibre budgétaire qui sert de prétexte pour concentrer la richesse au lieu de la partager, nous ne pouvons que nous indigner. Les organismes communautaires n’en peuvent plus, ils sont l’un des derniers filets social. Si nous voulons préserver le bien commun pour les générations futures, c’est aujourd’hui qu’il faut agir!» conclut Linda Déry.

 

 

 

Projet de loi sur le lobbying: quelques explications

Les enjeux entourant le projet de loi 56 sur le lobbying expliqués par Linda Déry, coordonnatrice du ROCL, lors d’une entrevue à la TVBL.

 

Découvrez les organismes communautaires autonomes près de chez-vous

SONY DSCSaint-Jérôme, le 5 octobre 2015. Le Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) et ses membres entament cette semaine une campagne d’affichage sur les façades des bâtiments et lieux stratégiques où se donnent leurs activités et leurs services. À partir du 5 octobre, les organismes participants ajouteront de l’information sur une pancarte qui sera complétée lors de la semaine de visibilité de l’action communautaire autonome du 19 au 25 octobre prochain.

Des organismes d’intérêt public

Depuis plusieurs années, les organismes communautaires autonomes déplorent le fait qu’on connaît mal leur apport à la communauté, leurs approches particulières et l’ensemble de leur travail auprès de populations souvent démunies. « On nous confond régulièrement avec des fondations ou des organismes parapublics. Les gens pensent qu’on fait partie du réseau public alors qu’on se définit plutôt comme des groupes d’intérêt public. Les organismes touchent des problématiques telles que la pauvreté, la violence, l’isolement social, la santé mentale, etc. Ils partagent des objectifs d’aide et d’entraide, de réduction des inégalités et ont en commun des principes d’inclusion et de justice sociale. » précise Linda Déry, coordonnatrice du ROCL.

De l’invisible au visible

Il faut être attentif pour voir apparaître avec autant de clarté un fait presqu’invisible, voir ignoré. Chez nous, comme ailleurs dans la province, la présence des organismes communautaires qui participent activement au développement social et économique, notamment par leur capacité d’innovation, passent sous le radar des médias de masse et des campagnes publicitaires à la mode. Leur contribution « ordinaire » doit être mise en lumière et soutenue. La beauté des initiatives et des rapports humains qu’on y vit est exceptionnelle. «Il s’agit pour les personnes qui y sont impliquées de trouver leur place dans un groupe et de s’investir dans des projets collectifs. Ces expériences contribuent à redonner confiance en soi, à garder ou retrouver un équilibre précieux. C’est ce qu’on appelle l’empowerment.» de dire Mme Stéphanie Gaussirand, présidente du ROCL.

Les sommes allouées au fonctionnement des 4000 groupes communautaires autonomes représentent une aubaine et l’on devrait chercher à les consolider comme un actif important pour le Québec, un créneau d’avenir. On demande actuellement 350 M$ afin combler les budgets minimums requis et reconnus. Linda Déry termine : « aura-t-on assez de vision pour s’offrir un tel investissement qui profite à tout le monde? Du 5 octobre au 28 octobre, nous vous invitons à identifier et mieux connaitre un organisme communautaire près de chez vous! »