Pour que la gratuité, l’accessibilité et l’universalité ne soient pas qu’un poisson d’avril
Saint-Jérôme, 1er avril 2025 – Plusieurs instances régionales des Laurentides profitent de la Semaine nationale d’actions régionales organisées par la Coalition solidarité santé (CSS) pour alerter la population à l’urgence d’agir, tout en dénonçant les fausses promesses faites par le ministre Dubé quant à la réforme en santé et services sociaux.
Si la réforme Dubé est bel et bien engagée, ses promesses semblent avoir été avalées par les flots d’un immense rebrassage de structures qui ne favorisent en rien la prévention ni l’accès aux soins. Créature de la CAQ, l’agence de gestion Santé-Québec nous montre déjà, après à peine quatre mois, qu’elle est beaucoup plus intéressée à privatiser le réseau public qu’à le décentraliser et en assurer la pérennité.
Il est toujours aussi difficile d’avoir rapidement accès à des soins de santé et à des services sociaux. La centralisation du réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) a atteint son maximum : une agence pour tout. Sans parler du fait que le réseau a perdu le peu de démocratisation qui restait, étant maintenant géré par une agence de « tops guns du privé » non-élu·e·s, dont la création fût imposée par bâillon. Bien que les milieux communautaire, syndical, universitaire et citoyen aient levé la main dès l’amorce de cette réforme pour dénoncer plusieurs problèmes dans le projet, personne au gouvernement n’a écouté.
« La privatisation du réseau de la santé est la conséquence du désengagement grandissant de l’État envers son filet social. Cela nous fait craindre un délestage supplémentaire vers les organismes communautaires autonomes qui seront encore malheureusement considérés comme de simples prestataires de services, mettant au passage en péril leur autonomie », précise Benoit Larocque, coordonnateur du Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL).
« Les réformes du réseau de la santé et des services sociaux ont, à travers le temps, laissé le phénomène de privatisation des soins et services s’accroître. Avec la mise en place de Santé Québec, le privé se développe à vitesse grand V. Cela profite plus au milieux des affaires et aux médecins entrepreneurs qu’aux citoyens. Le privé est moins efficace, plus cher, ne permet pas de réduire les listes d’attente, il vampirise les ressources du public et nuit à la qualité et à l’équité dans l’accès aux soins. » mentionne pour sa part Véronique Jean, Vice-présidente du secteur de la santé du syndicat des travailleuses et travailleurs des Laurentides en santé et services sociaux-CSN.
« Nous pensons que le gouvernement fait fausse route : au contraire, il faut décentraliser la gestion du réseau et fermer la porte à l’expansion du secteur privé. Les conséquences de la privatisation sont multiples et désastreuses notamment pour les femmes qui non seulement subissent ces effets pour elles-mêmes, mais pour leurs proches dont elles sont responsables » ajoute Isabelle Thibault du Réseau des femmes des Laurentides.
« Force est plutôt de constater une explosion de l’offre de soins et services à but lucratif pendant que le réseau public peine plus que jamais à accomplir sa mission. Après avoir centralisé tous les établissements publics au sein d’une seule entité, Santé-Québec, le gouvernement lui donne comme première mission de couper 1,5 milliard $. La réforme Dubé promettait d’améliorer l’accessibilité aux services pour la population : n’était-ce qu’un leurre ? ». Pendant qu’on coupe dans le réseau public, on ouvre les vannes au secteur privé à but lucratif : un non-sens! » dénonce Julie Daignault Présidente FIQ-Syndicat des Professionnelles en soins des Laurentides.
« Au cœur de ces services, on trouve des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs dévoués au quotidien qui n’ont aucun mot à dire sur des décisions prises à Québec par une équipe de « top-guns » qui ne connaissent rien à la réalité sur le plancher » s’exclame Marie-Ève Meilleur, représentante nationale à l’APTS pour la région des Laurentides.
« Nous ne pouvons que constater que les promesses et la réforme du Ministre Dubé, n’ont aucunement amélioré le réseau public et sont loin d’être une réponse adéquate aux besoins de la population. Les ressources déjà affaiblies par une mauvaise gestion chronique et un sous-financement sont mal utilisées et souvent détournées au profit du secteur privé. », dit Lise Boivin du Regroupement citoyen pour la Santé dans les Laurentides. (RCSL)
La privatisation et la centralisation accrues du réseau de la santé et des services sociaux pavent la voie à un système de soins inéquitable, coûteux et inefficace, mettant du même coup en péril la gratuité, l’accessibilité et l’universalité des soins et services. Nous joignons notre voix dans la région pour dénoncer les impacts de cette réforme.
-30-