Une pluie d’annonces, un pétard mouillé pour le communautaire

Suite au dépôt du budget libéral du 27 mars dernier, le Regroupement des organismes communautaires des Laurentides déplore le peu d’investissements et de soutien pour les organismes communautaires. Alors que le contexte budgétaire était propice pour mettre en place des mesures toutes simples qui auraient pu faire une grande différence dans la vie des gens, le Ministre des finances Carlos Leitao a préféré saupoudrer des montants qui ne répondent ni aux besoins ni aux demandes des organismes communautaires. Selon les informations reçues jusqu’à présent, 17 millions d’argent neuf sont annoncés pour le programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC). « C’est un tout petit investissement! En fait, ce montant annoncé pour tout le Québec correspond à peine uniquement aux besoins des Laurentides. Nous sommes à des années lumières des besoins globaux exprimés par les organismes communautaires autonomes en santé et services sociaux qui totalisent 355 millions de dollars annuellement.» s’exclame Stéphanie Gaussirand, présidente du ROCL.

« Nous espérons tout de même que les montants annoncés seront versés équitablement, au prorata du nombre d’organismes, dans toutes les régions du Québec et alloués entièrement à la mission. » ajoute quant à elle Linda Déry, coordonnatrice du ROCL.

Pendant que des primes faramineuses sont octroyés aux médecins, que le gouvernement met en place des mesures qui favorisent le privé et que des surplus ont été engrangés à coups d’austérité, 760 000 personnes au Québec peinent à couvrir leurs besoins de base pour vivre. Le budget 2018-2019 ne réserve aucune surprise pour les personnes en situation de pauvreté du Québec, ni pour les organismes communautaires.

Des annonces libérales à saveur électorale

Dans ce nouveau budget, le Ministre des finances fait d’ailleurs pleuvoir des milliards sur les réseaux de la santé et de l’éducation afin de masquer les impacts des politiques d’austérité que son gouvernement a imposé sur les services publics depuis les dernières années. Une stratégie électoraliste financée au prix de coupures éhontées de 4,2 milliards dans les services publics, dans les programmes sociaux, par des hausses de tarification et des baisses d’impôts. « Le ministre Leitao a sabré dans le filet social des québécoises et des québécois pendant les 4 dernières années afin d’être en mesure de promettre des investissements importants à quelques mois des élections. C’est facile de lancer des chiffres! Mais il faut avoir une vision à long terme qui s’y rattache pour bâtir un projet de société qui tienne la route. Pas jouer au yo-yo selon la période du mandat. Présentement, les élections sont à nos portes et ce budget en est le véritable reflet. Distribuer des cadeaux à l’aube des élections, c’est du déjà vu.» a ajouté Mme Gaussirand.

« Nous nous serions attendus à un rattrapage majeur dans le financement à la mission des groupes communautaires autonomes qui sont littéralement à bout de souffle et qui tentent de répondre aux besoins de plus en plus grands de la population. Pire encore, M. Leitao a promis de revenir à une gestion plus serrée des finances publiques après l’élection. En bout de ligne, ce sont des personnes humaines, des familles et des communautés qui vivent avec les impacts de ces décisions. » a conclu Mme Déry.

 

Santé et services sociaux : une situation jugée alarmante dans les Laurentides

Saint-Jérôme, 20 mars 2018 – À l’aube du dépôt du budget provincial, le Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL), qui représente 145 organismes dans la région principalement en santé et services sociaux, déplore les coupures de services dans le réseau de la santé ainsi que le sous-financement récurrent des organismes communautaires.

Dans des lettres adressées au Bureau du protecteur du citoyen et au Commissaire régional aux plaintes et à la qualité des services, plusieurs organismes membre du ROCL ont mis en lumière l’ampleur des pertes et ruptures de services pour la population des Laurentides. Des suivis interrompus, des critères d’accès plus étroits laissant beaucoup de personnes de côté, l’accueil psychosocial du CLSC qui n’est plus accessible pour des personnes qui font une première demande, la réduction du personnel dans les CLSC, des délais d’attente extrêmement longs pour des évaluations en pédopsychiatrie, le remplacement de l’accueil psychosocial par la ligne 811 ne sont que quelques exemples notés qui fragilisent l’accès à des services publics gratuits et de qualité pour toute la population.

On se rend aussi compte que la population se retourne de plus en plus vers les organismes, étant donné que les délais de prise en charge des personnes par le réseau public sont très longs. Cependant, les organismes communautaires sont débordés et n’ont pas la capacité d’en faire plus.

Rappelons que le financement des organismes communautaires provient essentiellement du Ministère de la Santé et des Services sociaux à travers le Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) mais que ce dernier est nettement insuffisant pour supporter les missions des organismes depuis plusieurs années. « Le PSOC devrait normalement permettre aux organismes de pouvoir mener à bien leur mission sur une base régulière, avec les ressources humaines nécessaires et les frais généraux encourus sans devoir constamment remettre en question leur mode fonctionnement pour assurer leur pérennité faute de financement. » rappelle Linda Déry, coordonnatrice du ROCL. « Présentement, l’instabilité des diverses sources de financement est un véritablement casse-tête qui met en péril les activités et services, apportant parfois une incapacité pour certains organismes de desservir l’ensemble du territoire.» ajoute quant à elle Stéphanie Gaussirand, présidente du ROCL. Plusieurs organismes de la région ont d’ailleurs transmis des lettres enregistrées à la Ministre Lucie Charlebois pour signifier leur mécontentement. Aucune réponse n’a été reçu jusqu’à ce jour.

« Deux motions unanimes reconnaissant l’importance des organismes communautaires à la société québécoise ont été adoptées par tous les partis au cours des dernières années à l’Assemblée nationale mais aucun soutien financier n’a été apporté pour supporter ces belles paroles. Nous espérons vivement que le nouveau budget tienne mieux compte de la réalité et des besoins criants de la population et que des investissements notables aient lieu, tant dans le réseau de la santé et des services sociaux que pour les organismes communautaires. C’est un choix de société. » a conclu Mme Déry.

Mise à jour économique : annonce d’un pyromane devenu pompier

Lettre d’opinion de Linda Déry

Avec sa mise à jour économique, le gouvernement annonce que maintenant que la maison est en ordre, il peut alléger le fardeau fiscal des québécois et des québécoises, rien de moins! Depuis 2003, et encore plus intensément depuis 2014, le gouvernement a plutôt mis le feu à la maison! Il a ébranlé les fondations même de notre sociale démocratie, de nos services publics, il a vidé la maison de ses biens les plus chers aux québécois en les offrant sur un plateau d’argent aux entreprises privées. Il a dévissé tous les boulons de nos programmes sociaux, il a passé sous le compresseur tous les supports, les soutiens qui permettaient à la population d’avoir accès à des services et programmes partout au Québec. Et il ose nous dire, en nous regardant droit dans les yeux, qu’il a mis la maison en ordre. On dirait plutôt qu’il a soumis la maison à ses ordres!
Depuis 2014, le gouvernement libéral a coupé, comprimé, compressé, réduit, les services publics et les programmes sociaux de 4 milliards de dollars. Et maintenant, on nous parle de réinvestissement sur 5 ans en éducation, en santé, on annonce un chèque de 100 $ aux familles en septembre 2018, à quelques semaines des futures élections, comme par hasard… Cela donne vraiment l’impression d’être dans une opération politique stratégique et cosmétique. Des bonnes nouvelles, c’est toujours bon pour l’image! Ce n’est pas avec les 200 M$ annoncés, par année pendant 5 ans, en santé et en éducation, que nous allons sortir du déficit social accumulé. Cela couvre à peine les coûts de système.
Ce gouvernement pyromane a mis le feu à la maison et se cache maintenant derrière un écran de fumée. Ce n’est pas avec les annonces du Ministre Leitao que l’hémorragie dans les services publics de santé et d’éducation va s’arrêter. Les impacts de toutes les mesures d’austérité sont loin d’être terminés et continueront à se vivre sur le terrain et ce, bien au-delà des élections de 2018! Rappelons qu’à eux seuls les besoins financiers des 4000 organismes communautaires du Québec s’élèvent à 475 M$.
L’appauvrissement, la détresse psychologique, l’endettement, la violence, le décrochage scolaire, l’itinérance, les crises suicidaires, des parents dépassés, des enfants dans le besoin, des aînés démunis, des droits bafoués, des problèmes de santé mentale sont de plus en plus présents dans le vécu quotidien des organismes communautaires. Ils n’en peuvent plus d’être le déversoir d’un système de santé et d’éducation en chute libre, qui manque cruellement de moyens et de ressources!

Budget provincial, un bien petit pansement sur une grande plaie!

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Le budget provincial déposé hier par le gouvernement libéral n’a rien d’un budget de l’espoir pour les organismes communautaires et pour les services publics. Linda Déry, coordonnatrice du ROCL, affirme que les 4 milliards de coupures et de mesures d’austérité depuis 3 ans ont laissé des traces, des plaies profondes dans le terreau de la solidarité et de la justice sociale. Pour le ROCL, ces plaies se manifestent par des pertes et des diminutions d’accès de services directs pour la population des Laurentides. On parle de suivis interrompus, de critères d’accès plus étroits qui laissent beaucoup de personnes de côté, de l’accueil psychosocial du CLSC qui n’est plus accessible pour des personnes qui font une première demande, de la réduction du personnel dans les CLSC pour répondre aux demandes d’aide, du remplacement de l’accueil psychosocial par une ligne 811 qui se tourne vers des organismes communautaires et plus encore. «Alors que les organismes communautaires sont de plus en plus débordés, que leurs ressources humaines sont à bout de souffle, on voit sur le terrain de plus en plus de références et même du dumping de la part du réseau. On assiste particulièrement à un effritement tranquille de nos services sociaux alors que la détresse psychologique est de plus en plus visible dans nos organismes» souligne madame Déry. Pour le ROCL et ses 145 membres, ce budget ne représente rien de significatif. «Disons qu’avec ce budget, les saignées à répétition sont terminées mais ce n’est pas avec les investissements annoncés que l’hémorragie va cesser, la plaie est trop grande, le pansement est beaucoup trop petit, l’infection nous guette » poursuit-elle. En ce qui concerne le rehaussement du financement à la mission des organismes communautaires, le ROCL s’attend tout au plus à une indexation de 0,7 %, alors que les coûts de système seront à la hauteur de 4% pour le réseau de la santé et des services sociaux.

Pour ce qui est des investissements annoncés (argent neuf) dans le programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC), ils sont prévus sur 5 ans pour un total de 80 M$ dont 10 M$ pour l’année 17-18 pour l’ensemble du Québec. «C’est trop peu quand on sait que les besoins estimés pour la seule région des Laurentides sont de 17,5 M$ ! On est très loin des 375 millions réclamés pour les 3000 organismes communautaires en santé et services sociaux du Québec» de conclure Linda Déry.