Le milieu communautaire, pas équipé pour la crise du logement
Saint-Jérôme, 20 juin 2022 – Le ROCL lance un cri du cœur: le premier juillet arrive à grands pas et plusieurs personnes vivent dans l’appréhension de se retrouver à la rue. Le décompte est commencé depuis quelques mois déjà pour plusieurs familles de partout au Québec, mais d’autant plus dans les Laurentides, où la croissance démographique se démarque des autres régions administratives.
Selon le FRAPRU, déjà en 2016, 100 000 ménages devaient consacrer près de la moitié de leur salaire pour se loger. Sachant qu’entre octobre 2011 et octobre 2021 le loyer moyen a augmenté de 31,2%, nous pouvons déduire que la situation ne s’est pas améliorée. Cette année, avec un taux record d’inflation qui affecte toutes les sphères de la consommation, plusieurs familles sont restreintes à faire des choix douloureux. C’est environ 100 000 habitations qu’il manque dans l’ensemble du Québec selon l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).
Évictions, rénovictions et augmentations de loyers sont actuellement le lot de plusieurs ménages.
C’est une quantité non-négligeable d’appels que le Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) a reçus. Des personnes qui ne savent plus où appeler et qui se tournent vers les organismes communautaires, en dernier recours.
Les groupes communautaires agissent habituellement auprès de populations spécifiques; personnes vivant de l’itinérance, femmes victimes de violence conjugale, jeunes en difficulté… Or, ce n’est pas ce qu’on voit en ce moment: la demande provient d’une population qui n’a jamais eu recours aux services communautaires précédemment.
Certaines personnes se font orienter vers des groupes communautaires avec l’espoir de trouver un logement, mais les groupes n’ont pas le pouvoir ni le financement pour construire des blocs appartements. Il ne peuvent qu’accompagner la détresse qui découle de l’instabilité résidentielle due à la situation.
«Il manque cruellement d’une vision globale et d’une prise en charge gouvernementale du problème de logement » s’insurge Benoit Larocque, coordonnateur du ROCL. «Après tout, le logement, c’est un droit, un besoin fondamental, pas un luxe. Le gouvernement a le devoir de mettre en place des mécanismes qui favorisent son accès et ce, au-delà des services d’aide et d’urgence que le milieu communautaire se retrouve à déployer, bien malgré lui» poursuit-il.
Avec la pandémie, le milieu communautaire a déjà dû s’adapter, voire se sur-adapter. La crise du logement nous démontre qu’encore une fois, ce sont les organismes communautaires qui essuieront les dommages collatéraux, et c’est déjà commencé.