COMMUNIQUÉ : Des assemblées générales en zone rouge?
Saint-Jérôme, 1 octobre 2020 – Au moment où une grande partie de la région des Laurentides passe en zone rouge, le ROCL est préoccupé par le mot d’ordre reçu du gouvernement de tenir les assemblées générales annuelles cet automne. « Ces assemblées sont des rendez-vous entre les membres », indique Benoit Larocque, coordonnateur du ROCL. « Elles sont l’expression de la vie associative et démocratique des organismes communautaires. Elles servent aussi à adopter les rapports d’activités et financiers ainsi qu’à élire les membres du conseil d’administration. » Avec le confinement au printemps dernier, seulement un organisme sur cinq a tenu son AGA, selon un sondage effectué par le ROCL.
Bien que quelques groupes soient maintenant prêts à les réaliser, la plupart y voit d’importants défis tant dans l’organisation d’une assemblée en personne que dans l’idée d’une assemblée virtuelle. L’accès à des locaux sécuritaires, donc assez grands pour accueillir l’ensemble des membres à une assemblée, est très limité. Plusieurs organismes ne peuvent rejoindre l’ensemble de leurs membres de manière électronique. Tout le monde n’a pas accès à internet et à du matériel informatique, ni même à une connexion internet stable. Plusieurs membres des organismes vivent en situation de pauvreté et d’isolement. Dans ce contexte, comment rejoindre les membres qui vivent une fracture numérique ? Combien de personnes pourront réellement prendre part à notre AGA ? Le taux de participation sera-t-il satisfaisant ? Atteindrons-nous notre quorum ? Comment recruter de nouveaux membres pour notre conseil d’administration ? Pour certains groupes où la sécurité des membres est un enjeu, tel que pour les Maisons pour femmes victimes de violence conjugale ou les Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), il est tout simplement impossible de penser réaliser une assemblée virtuelle sans filet de sécurité alors que cet aspect est essentiel en tout temps. Des questions demeurent aussi quant à la distribution du matériel habituel : rapport d’activités, bulletin de vote, documentation de l’organisme, repas, etc. Comment se positionner et s’organiser par rapport à tout ça ? Voilà autant de préoccupations bien concrètes exprimées par des organismes de la région.
Ces questionnements s’ajoutent à d’autres bien présents, puisque les AGA ne constituent pas la seule et unique tâche qu’ont à accomplir les organismes communautaires cet automne ! La charge mentale reliée à la gestion du personnel à bout de souffle, à la mise en place des règles sanitaires, à la gestion des budgets fluctuants, à l’adaptation des activités et des services est bien présente. N’oublions pas que les organismes communautaires interviennent auprès de gens qui sont souvent en situation d’exclusion sociale. Les moyens pour rejoindre ces personnes ne se résument pas à une simple transition numérique et le contexte de pandémie actuel exacerbe sans nul doute les fragilités humaines. Les organismes communautaires voient les besoins de la population augmenter et tentent tant bien que mal de se réorganiser pour y répondre.
Pour Benoit Larocque, cette exigence vide les AGA du milieu communautaire de leur sens. « Ce qui est censé être un moment de vie associative et démocratique s’en trouve réduit à une formalité administrative et légale. Nous comprenons que les organismes ont des comptes à rendre. Nous avons proposé au gouvernement de faire adopter les documents requis exceptionnellement par les conseils d’administration cette année, ce qui aurait évité bien des casse-têtes pour les équipes de travail. La réponse a malheureusement été une fin de non-recevoir. »
« Quelle est la priorité du gouvernement ? » demande Stéphanie Gaussirand, présidente du ROCL. « D’un côté, on nous dit d’éviter les rassemblements mais de l’autre, on nous pousse à tenir des AGA. Maintenant que tout le sud de la région tombe en zone rouge, ces consignes contradictoires créent beaucoup de stress dans les organismes, qui, depuis le début, tentent de s’ajuster et viennent à peine de reprendre des activités en personne en se conformant aux exigences de la santé publique. Et il est faux de penser que les AGA virtuelles sont la solution miracle. Certains organismes n’y arriveront pas. »
Dans ce contexte, le ROCL demande au gouvernement de revenir à la décision du ministère de la Santé et des Services sociaux, du printemps dernier, qui stipulait que les organismes auraient à tenir leur AGA dans les 4 mois qui suivent la levée de l’urgence sanitaire. «Le gouvernement reconnaît que les organismes communautaires sont essentiels au bon fonctionnement de la société, et encore davantage en temps de crise, mais les exigences qu’il nous impose ne favorisent pas notre travail. Les priorités ne sont vraiment pas à la bonne place.» conclut madame Gaussirand.
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