Le communautaire ferme la porte à la pression des compressions!

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Sainte-Adèle, 9 novembre 2016. Trois cent personnes des organismes communautaires des Laurentides ont convergé vers Sainte-Adèle, le 9 novembre, dans le cadre de la vaste campagne nationale Engagez-vous pour le communautaire, mobilisant quelque 4000 groupes dans toutes les régions du Québec. « Hier et aujourd’hui, les organismes de la région ont décidé de fermer leurs portes pour dire non à la pression des compressions. Parce que toutes les fois où il y a des compressions dans le réseau public, il y a une pression supplémentaire sur les organismes. Et cette pression est de plus en plus intenable! » a lancé d’entrée de jeu Linda Déry, coordonnatrice du Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL), à la foule massée sur l’esplanade de la Place des Citoyens à Sainte-Adèle. « C’est pourquoi des milliers d’organismes communautaires de tous les horizons se mobilisent aujourd’hui au Québec pour demander le rehaussement et l’indexation annuelle de leur financement de base, l’application de la politique de reconnaissance de l’action communautaire dans tous les ministères et un réinvestissement massif dans les services publics et les programmes sociaux » a expliqué madame Déry à son auditoire. « Pendant que nous nous alarmons de l’effritement des services, le gouvernement s’évertue à répéter qu’il se soucie des personnes vulnérables. Or, si l’on regarde les actions qu’il pose, on doit conclure que ce souci ne dépasse pas la pitié de convenance et la bienveillance condescendante » a-t-elle aussi déclaré, affirmative, avant de passer le flambeau aux porte-paroles des différents territoires de la région.

Quelques impacts concrets du sous-financement

Flanquée d’une porte illustrant les fermetures d’organismes de leur MRC, chacune des porte-paroles a exposé les impacts du sous-financement et enjeux propres à leur territoire.
Par exemple, de 2010 à 2016, un organisme en sécurité alimentaire oeuvrant à Saint-Sauveur, Piedmont et Sainte-Anne-des-Lacs, un territoire où la population est pourtant perçue comme financièrement à l’aise, a vu son achalandage passer du simple au double, sans augmentation de son financement de base. Un autre organisme, pourtant jugé admissible au financement à la mission par le CISSS des Laurentides depuis 2010, ne reçoit que 6 % de son budget de base reconnu. « Plusieurs organismes communautaires doivent ou ont dû cesser leurs activités pendant des mois, conséquence du problème récurrent du manque de financement » a affirmé Sophie Larose, porte-parole des organismes de la MRC Pays-d’en-Haut.

Manon Pérusse prenait pour sa part parole au nom des organismes communautaires financés par le ministère de la Famille. « Nous vivons avec le même budget depuis plus de 13 ans. Quand on sait que tous les coûts afférents au bon roulement d’un organisme augmentent sans cesse comme l’électricité, le loyer ou la nourriture. La moindre des choses serait d’être annuellement indexés, au même titre que les organismes rattachés au ministère de la Santé et des Services sociaux» a-t-elle relaté.
Des difficultés en matière de transport adapté ont aussi été évoquées. « Alors que les services diminuent, les tarifs augmentent. Ces conditions ont pour effet de marginaliser encore plus les personnes handicapées » a pour sa part dénoncé Sophie Dion, porte-parole des organismes de la région de Sainte-Agathe et Mont-Tremblant et aussi coordonnatrice d’un organisme qui accueille des personnes handicapées intellectuelles.
Ces quelques exemples constituent un tout petit échantillon des impacts du sous-financement vécus par les organismes présents et leurs membres.

Surplus de 2,2 milliards: le ROCL interpelle le gouvernement

«Au moment où le gouvernement annonce des surplus budgétaires de 2,2 milliards, nous l’enjoignons de faire un investissement qui profitera à tout le monde, de négocier avec le milieu communautaire un rattrapage du financement de base, à la hauteur de 475M$ pour les 4000 organismes du Québec. Dans les Laurentides, c’est de 20M$ dont nous avons besoin. Nous lui demandons aussi d’appliquer la politique de reconnaissance adoptée en 2001 et de réinvestir dans les services publics. Nous ne sommes pas seuls à nous inquiéter de l’état de santé des services publics et de l’impact des compressions sur la population du Québec : la protectrice du citoyen; le commissaire à la santé et au bien-être; Jean-Pierre Ménard, l’avocat spécialisé dans les causes qui touchent le système de santé ainsi qu’environ 150 gestionnaires du réseau qui ont claqué la porte s’en préoccupent aussi grandement. C’est rendu une question de santé publique, le gouvernement de monsieur Couillard a le devoir moral de s’ouvrir les yeux sur les impacts de ses décisions » a conclu Stéphanie Gaussirand, présidente du ROCL, avant d’inviter les personnes présentes à partager une soupe populaire cuisinée pour l’occasion par un organisme du coin.

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Engagez-vous pour le communautaire: un mot de l’équipe

 

Budget provincial 2016: un show de boucane!

Linda+StephanieVoilà presque 2 ans que le gouvernement s’acharne à grand coup de compressions sur les programmes sociaux du Québec. Ce sont plus de 4 milliards de dollars qui ont ainsi été amputés! Maintenant que le mal est fait, le gouvernement Couillard promet un retour à des eaux plus tranquilles. Plus tranquilles pour qui? Les mesures d’austérité imposées affecteront pendant des années nos services sociaux et de santé, d’éducation ainsi que les mesures de soutien au développement de l’ensemble des régions du Québec. Le ROCL s’insurge de ne rien trouver de significatif dans ce budget pour améliorer le quotidien des personnes les plus démunies et pour soutenir celles qui ont subi une détérioration de leurs conditions de vie. « Aucun réinvestissement important n’est prévu dans la sphère publique alors que les plus riches et les entreprises bénéficient de baisses d’impôt et de lois de complaisance depuis plus de 10 ans » souligne Linda Déry, coordonnatrice du Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL).

On se souviendra qu’en janvier 2016, le ROCL avait transmis une mise en demeure au Premier Ministre l’enjoignant de réinvestir 2,5 milliards dans les programmes sociaux et services publics tout en lui rappelant le sous-financement chronique des organismes communautaires. « Nous ne retrouvons aucune suite à notre mise en demeure dans ce budget. Nous demandons au gouvernement de respecter ses engagements inscrits dans la loi 112 (lutte à la pauvreté) et dans la Charte des droits et libertés. Le budget qui est sur la table est malheureusement un véritable show de boucane! On y trouve quelques investissements épars, à peine l’équivalent des coûts de système en éducation et en santé, un revirement symbolique en ce qui a trait aux frais de garde, on tente de faire oublier les compressions de 4 milliards. Alors que les groupes ont déjà du mal à répondre à la demande, le gouvernement continue d’affamer le réseau de la santé et des services sociaux avec une augmentation des dépenses trop faible pour combler les besoins de la population. Le gouvernement se déleste de ses responsabilités et veut sous-traiter de plus en plus de services au milieu communautaire. C’est tout simplement inacceptable! Alors il faudra voir comment nos membres entendront se mobiliser d’ici les prochaines élections générales » de spécifier Stéphanie Gaussirand, présidente. « On dirait qu’on prépare la population en vue des prochaines élections! » s’exclame-t-elle. « C’est bien beau le déficit zéro, mais qu’en est-il du déficit social? Qu’en est-il des gens à qui on demande année après année de sacrifier leurs besoins de base sur l’autel de l’équilibre budgétaire? »

Le ROCL fait remarquer qu’un consensus émerge au Québec et à travers le monde pour dire qu’il faut soulager la classe moyenne, que c’est désormais au tour des mieux nantis, des grandes entreprises et des institutions financières de contribuer au financement des services publics. Ce partage des richesses est garant d’une plus grande justice sociale et d’égalité, notamment entre les hommes et les femmes. Un comité de l’ONU (Organisation des Nations Unies) vient d’ailleurs de sortir un rapport accablant concernant le recours du Canada à des politiques d’austérité. L’ONU est préoccupé par la stagnation du financement des programmes sociaux par rapport au produit intérieur brut, par les taux d’imposition des entreprises plus bas que ceux d’autres pays riches ainsi que par l’impact disproportionné des mesures d’austérité introduites dans un certain nombre de provinces dont le Québec. « Force est de constater que le budget 16-17 est loin de répondre à l’invitation de l’ONU et est très loin des attentes du milieu communautaire, aucun réinvestissement majeur dans nos services publics et rien pour assurer le rattrapage financier et la pérennité des organismes communautaires qui croulent sous les demandes d’aide de plus en plus pressantes! » de conclure Linda Déry.

Le ROCL à l’émission Dutrizac

microphone-1074362_1280Écoutez l’entrevue accordée par Stéphanie Gaussirand, présidente du ROCL, à l’émission Dutrizac du mardi  février 2016 à propos de la mise en demeure envoyée au Premier Ministre.